L'ABBATIALE DE LA SAINTE-TRINITE
La majestueuse église abbatiale de la Sainte-Trinité a des
proportions de cathédrale. C’est à coup sûr l’architecture
la plus remarquable du patrimoine fécampois.
Située au cœur de la cité médiévale qu’elle domine
de sa haute Tour Lanterne, la Sainte-Trinité donne d’abord une impression
d’austérité, par ses longues murailles extérieures percées
de petites fenêtres ogivales. Les arcs-voutants sont réduits
à des arcatures sobres et massives ; ils reposent sur des contre-forts
puissants qui rappellent une église fortifiée.
Au soleil couchant, les murs prennent une chaude teinte rosée qui
atténue les rides de la pierre trop âgée. Ils sont dans
l’attente imminente d’une urgente restauration pour réparer les attaques
du temps et d’un climat maritime corrosif pour un monument presque millénaire.
A peine franchi le grand portail baroque du XVIIIème siècle,
insolite pour un monument gothique, l’élégance de l’immense
architecture verticale, très sobre et très dépouillée,
interpelle le pèlerin ou le visiteur. Le regard est attiré
vers le haut : c’est l’invitation à la prière. Les habiles
moines-maçons du Moyen-Age ont su illuminer toute la grande nef d’un
éclairage presque irréel : il provient des fenêtres hautes,
à peine visibles, effacées dans l’épaisseur des murailles.
Cet ensemble architectural donne une impression de grande unité ;
pourtant les moines bénédictins, pendant près de huit
siècles, ont apporté de nombreuses modifications, et l’église
paroissiale établie depuis 200 ans continue ses aménagements.
Les visiteurs peuvent ainsi retrouver l’évolution de la foi à
travers les siècles.
Les chapelles de pur style roman au nord du déambulatoire, rappellent
que l’église précédente fut incendiée au milieu
du XIIème siècle. Les merveilleuses clôtures des chapelles
attestent l’influence italienne de la Renaissance. Dans le chœur, le baldaquin
en bois doré, les marbres somptueux du maître-autel prouvent
la qualité presque théâtrale de la liturgie du XVIIIème
siècle. La piété des paroissiens aux XIXème siècle
et XXème siècles a su remettre en état un sanctuaire
lourdement éprouvé par le vandalisme des révolutionnaires
de 1789.
Et toujours, la majestueuse Tour-Lanterne illumine le chœur où se
tenaient les moines : elle manifeste la qualité artistique des moines,
architectes normands du Moyen-Age.
Louis LAGARDE